Hello Fabien, je te laisse commencer avec une courte présentation, un mot pour ceux qui ne te connaissent pas - sur Slow Fonts mais aussi sur toi en perso.
Salut Alexis ! Alors moi c’est Fabien, je suis graphiste, j’enseigne, je dessine des caractères typographiques et suis installé à Villeurbanne. Slow Fonts est une plateforme (en ligne depuis juin 2021) qui me permet de rendre visible, et disponible, certains de mes projets typographiques.
Un mot sur la lenteur ? Et la philosophie derrière ce nom pas commun…
Le nom Slow Fonts est une référence à la Slow Food : pour l’idée de consommer local et de s’intéresser aux circuits indépendants.
Acheter de la typo c’est consommer un produit, et là aussi il existe une scène de petites fonderies indépendantes, et utiliser ces typos peut aussi être vu comme un geste conscient.
La lenteur c’est aussi une posture, une démarche dans mon travail, l’idée de m’offrir le temps de dessiner, de tourner autour des formes pour les trouver, de pouvoir les remanier, prendre du recul… je travaille seul au développement des typos donc pour sortir un projet Slow Fonts tout dépend aussi du temps que je peux libérer entre ma pratique de graphiste et d’enseignant. Donc Slow Fonts avance à son rythme !
Pour l’instant il n’y a que toi qui publie la dessus, tu comptes éditer d’autres dessinateurs ?
Oui, et c’est un choix. Peut-être que plus tard il y aura des projets de collaboration, mais Slow Fonts a été initié comme un projet personnel.
En parlant de dessin, j’aime beaucoup cette manière de présenter les fontes avec les dessins de Jeremy Barrault comment est venue l’idée ? Comment elle se décline ?
L’idée était là dès le départ et était très importante pour moi. Je voulais ramener du dessin, fait à la main. La typographie c’est maintenant un travail de dessin numérique mais à la base c’est aussi un travail de dessin à la main et parfois cela a tendance à trop disparaître.
Chaque typographie sur Slow Fonts est donc introduite par de courtes histoires illustrées par Jérémy. Ou plutôt chaque typographie donne naissance à une courte fiction dessinée, décomplexée. Je laisse Jérémy s’inspirer librement des typographies afin de générer un nouveau récit, qui ne s’inspire pas de l’idée originelle ni du process que je peux avoir lorsque que je dessine une typo. Il propose sa propre lecture de mes formes typographiques. Ainsi les récits se mélangent.
Et puis c’est aussi quelque chose de très intéressant, de voir comment d’autres personnes s’approprient et utilisent une typo.
Tu nous parle un petit peu de cette dernière sortie et de Leipzig ?
La Werkzeug est une typo que j’ai commencé à dessiner lorsque j’ai été invité en résidence à Bureau Muséal, à Leipzig pendant l’été 2021. Je suis allé là-bas pour un projet de recherche autour de la notation musicale et de la typographie, qui est encore à l’état de recherche.
En parallèle, Bureau Muséal est aussi un laboratoire permettant de penser l’œuvre collective et conviviale. Une première résidence d’artistes à donner lieu à une exposition, la création d’œuvres mais cela les a aussi amenés à réfléchir à des outils communs, pouvant être reproduits, dupliqués et pour cela ils ont pensé une norme de fabrication, de proportion qu’ils ont nommés l’Euroformat. Par la suite je me suis donc demandé comment transposer ce principe et cette norme de construction au dessin de caractère.
Et bien évidemment, étant en Allemagne, le parallèle avec la typographie DIN et l’institut de normalisation DIN me parlait beaucoup.
Werkzeug veut dire « outil » en allemand, et le dessin de cet outil reprend ce principe de typographies conçues par des « ingénieurs » en suivant un système standardisé, normalisé. Sa grille de construction est minimaliste, l’assemblage est modulaire, ce qui amène certaines aspérités, et lui donne son aspect volontairement technique et brut.
Les premières versions de la typo ont été utilisées pour la communication de Bureau Muséal, mais aussi pour des éléments de textes et de graphisme faisant partie de l’exposition collective The future of cities. Not for granted. avec Bureau Muséal et plusieurs artistes à la Halle 14 de Leipzig.
Un mot de la fin ?
Prenez votre temps !
Qui j'interviewe ensuite ?
Merci!
Merci d’avoir lu cette discussion 🤞